En 2014, l’homme branché n’est autre que le datasexuel. Le data quoi ? Le datasexuel ! Mais qui est-il ? Et comment le séduire ? On vous dit tout de cet énergumène des temps modernes.
Le nouveau geek
Hyperconnecté. Voilà qui pourrait qualifier le datasexuel, sorte de geek narcissique, soucieux de son e-réputation. Car contrairement au métrosexuel qui se soucie de son apparence, le datasexuel (dérivé du mot data = données) n’est pas forcément beau ou looké. Il se soucie d’une seule chose : ses données numériques, dont il se sert pour améliorer son image et la rendre sexy. Photos, tweets, statuts : le datasexuel met quotidiennement en avant et de façon obsessionnelle toutes sortes d’informations sur sa vie, allant du nombre de partenaires au nombre de rapports sexuels en passant par ses humeurs du jour ou le nombre de kilomètres parcourus. Il est prêt à dire n’importe quoi pour se faire follower, retweeter ou liker. Comme le souligne Xavier de la Porte sur Internet Actu, le datasexuel « pense que ces données sont sexy. Sa vie, du point de vue des données tout au moins, est parfaitement stylée ». Sur Internet, le datasexuel ose aborder des filles qu’il n’aurait jamais osé aborder dans la vraie vie, car son identité numérique le valorise, il croit au pouvoir érogène du virtuel et s’en sert pour arriver à ses fins.
Un monde à part
Mais le datasexuel n’est pas simplement obsédé par ses propres données puisqu’il analyse aussi celles des autres. Pour lui, Twitter, Facebook ou votre profil Meetic en disent bien plus long que toutes les discussions et tous les rendez-vous du monde. Rien de ce que vous y posterez n’échappera à son jugement : il vous notera, vous jugera, vous évaluera et se fera une idée très précise de vous sans même vous avoir rencontrée. Pas vraiment romantique, le datasexuel ira jusqu’à gérer ses rendez-vous galants via des applis spécialisées, répertorier le nombre de femmes qui ont partagé son lit… et commençant par un A ! Tout est pour lui matière à faire des tableaux ou des statistiques. Un univers qu’il connaît bien puisqu’il travaille dans les médias, le journalisme ou le cinéma… Le datasexuel ne quitte jamais son smartphone, il est à l’affût du moindre mail, du moindre tweet, de la moindre manifestation virtuelle qui lui donne l’impression d’être le centre du monde. Son monde. Il est obsédé par tout ce que l’on peut dire ou écrire de lui sur la Toile.
Comment le séduire ?
En lui offrant le dernier smartphone à la mode ou la dernière tablette que tous les geeks s’arrachent. Si vous voulez plaire à un datasexuel, il va surtout falloir que vos données lui plaisent. Attention : tout ce que vous écrirez pourra et sera retenu contre vous. Plus vous serez prolixe sur la Toile, plus vous aurez de chances de lui taper dans l’œil et plus, paradoxalement, vous lui donnerez matière à vous lapider. Mais une autre question se pose : en étalant sa vie privée sans la moindre pudeur, en chiffrant ses émotions, ses rendez-vous et ses projets, en résumant sa vie à des graphiques et des statistiques, le datasexuel ne commet-il pas l’erreur fatale de perdre en mystère et donc en potentiel de séduction ? Une chose est sure : derrière cet égo surdimensionné se cachent sans doute un besoin de reconnaissance, une volonté de paraître « cool ». Car méfiez-vous : il a beau avoir des milliers de followers, un beau parleur numérique peut se révéler extrêmement maladroit dans la « vraie vie ». De même qu’il peut cacher, derrière une vie virtuelle bien remplie, une volonté d’échapper à la solitude…
